Au cœur de la tradition orientale, le hammam, aussi appelé bain turc, est un lieu de détente et de bien-être. Il est bien plus qu’un simple bain, il s’agit d’une véritable institution sociale et culturelle dont l’histoire et les rituels fascinent depuis des siècles. Voyons de plus près cette tradition séculaire.
L’histoire du hammam : origines et évolution
Le concept du hammam s’ancre profondément dans l’Antiquité, émergeant comme une synthèse influencée par les thermes romains et les bains publics grecs. Cependant, l’élévation du hammam au-delà d’un simple lieu de bain à une institution de soins du corps et de purification spirituelle peut être attribuée à la culture arabe. Les Arabes, reconnus pour leur profonde sagesse en matière d’hygiène, ont intégré les vertus curatives de l’eau dans leur quotidien, en faisant évoluer la pratique du bain en un rituel complet de bien-être. Ce rituel, au fil des siècles, s’est métamorphosé pour incorporer des techniques variées de purification et de relaxation.
Le hammam, en tant que tel, s’est largement répandu au VIIe siècle avec la propagation de l’Islam. Le désir de pureté avant la prière, fondamental pour les fidèles de l’Islam, a fait du hammam une nécessité plus qu’un luxe. Cette expansion a été vaste, couvrant l’ensemble du Moyen-Orient, se frayant un chemin à travers l’Afrique du Nord et atteignant les rives ensoleillées de l’Andalousie en Espagne. Les hammams étaient ainsi non seulement des espaces pour la purification physique, mais aussi des centres de purification spirituelle, un préalable essentiel à la prière dans la tradition islamique.
L’ère ottomane a marqué une nouvelle étape dans l’histoire du hammam. Durant cette période, les hammams ont gagné en importance sociale, devenant des points de convergence pour diverses activités communautaires. Outre leur fonction de purification et de relaxation, ils ont commencé à servir de lieux de rencontres sociales, de discussions intellectuelles et même de festivités telles que les célébrations de mariages ou les rituels post-nataux. Le hammam s’est ainsi inscrit dans la trame sociale, formant le cœur battant de la communauté.
De nos jours, le hammam a franchi les frontières du monde arabe pour devenir une attraction mondiale, appréciée dans de nombreux pays pour son ambiance apaisante et ses rituels de détente. Il a été intégré dans les spas modernes et les centres de bien-être, où ses techniques ancestrales sont combinées à des approches contemporaines pour offrir une expérience ultime de relaxation. Certaines et certains le pratiquent également chez eux dans la salle de bain.
Les rituels du hammam
Le rituel du hammam est un voyage de purification et de détente qui passe par plusieurs étapes. La séquence spécifique peut varier selon les coutumes locales, mais le rituel suit généralement trois phases principales : la chaleur, le gommage et l’hydratation.
- La chaleur : Le rituel commence dans la salle de vapeur chaude. Cette étape sert à ouvrir les pores et à préparer la peau pour le gommage. On y reste généralement une quinzaine de minutes, le temps de se détendre et de commencer à transpirer ;
- Le gommage : Après la salle de vapeur, vient le gommage. Un gant de kessa, traditionnellement en laine de chameau ou en crin de cheval, est utilisé pour exfolier la peau et éliminer les cellules mortes. Dans certains hammams, un savon noir à base d’olives est également utilisé pour nettoyer et hydrater la peau ;
- L’hydratation : La dernière étape est l’hydratation. Après le gommage, on se rince généralement à l’eau froide pour resserrer les pores et revigorer le corps. Puis, le corps est généralement enduit d’huiles essentielles ou d’argan pour nourrir la peau.
Le hammam est associé aux pratiques de bien-être
Les aspects techniques d’un hammam
Conçu pour offrir un environnement chaleureux et humide, il favorise la sudation, permettant ainsi à l’organisme de se débarrasser des toxines. Mais qu’est-ce qui caractérise techniquement un hammam ? Explorons ensemble les différentes facettes qui sont proches de celles des thermes romains.
1. La structure et l’architecture
Traditionnellement, un hammam est divisé en trois sections ou chambres interconnectées : la chambre froide, la chambre tiède et la chambre chaude. Chaque chambre a un rôle spécifique dans le rituel du hammam.
- La chambre froide (Birun) : C’est la première zone où les baigneurs se déshabillent et se rafraîchissent avant et après les autres étapes ;
- La chambre tiède (Wastani) : C’est ici que la transition se fait entre le froid et le chaud. On s’y habitue progressivement à la chaleur ;
- La chambre chaude (Juwwani) : C’est le cœur du hammam. La température y est élevée (jusqu’à 50°C) et l’humidité atteint 100%. Cette salle abrite généralement une large pierre chauffée, appelée « gobektasi », où les baigneurs peuvent se reposer pour permettre à leur corps de transpirer abondamment.
2. Le système de chauffage
Dans les hammams traditionnels, le chauffage est généralement assuré par un four à bois situé dans une pièce adjacente. Le four chauffe un réseau de canalisations sous le sol et les murs de la chambre chaude. La chaleur se propage ensuite aux autres chambres.
3. L’éclairage
L’éclairage joue un rôle important dans l’ambiance d’un hammam. Traditionnellement, la lumière est douce et tamisée, souvent fournie par de petites ouvertures dans le plafond ou les murs.
4. Les matériaux
Les hammams sont généralement construits avec des matériaux qui conservent bien la chaleur, tels que la pierre, le marbre et le carrelage. L’intérieur du hammam est souvent richement décoré avec des motifs islamiques ou ottomans.
En conclusion de ce sujet, le hammam combine une architecture unique et une ingénierie précise pour créer une expérience de bain qui est à la fois revigorante et relaxante. La conception technique du hammam vise à offrir une atmosphère propice à la détente et à la purification du corps, voire un cocon idéal pour favoriser un optimisme sain pour le corps et ‘esprit.
R.C.